« Une équipe de l’Inrap a mis en évidence, en 2020, chemin des Trablettes, à Izernore (Ain), un quartier de l’agglomération antique d’Isarnodurum où se mêlent habitat et artisanat. Depuis cette fouille, prescrite par l’État (Drac Auvergne – Rhône-Alpes), les études – et notamment celles du mobilier extrait des quatre puits – ont fourni un ensemble rare de vestiges organiques (bois, graines, pollen), dont de beaux objets en bois, très bien conservés grâce à la présence continue d’eau depuis l’Antiquité, associée à une absence de lumière et d’oxygène. «


A partir de ces découvertes, les objets étant conservés dans des conditions particulières, le Musée d’Izernore a fait appel à mes compétences pour réaliser des reproductions de certains de ces objets !
Un atelier d’artisanat du buis
« La découverte d’éléments en bois dans les puits est classique, ceux-ci servant de poubelles lorsqu’ils ne sont plus utilisés. Parmi les éléments découverts à Izernore, les branchages et déchets sont nombreux. Ils proviennent de coupes d’entretien (verger, potager, haies), de nettoyage des espaces mais sont également révélateurs d’un travail du bois à proximité.
Les éléments en bois de ces puits témoignent en effet d’un artisanat professionnel local principalement lié à la production d’objets en buis, sans exclure d’autres essences ligneuses (frêne, noisetier, érable). Chutes de débitages, chutes de tournage, ébauches et objets finis, confirment la présence d’un atelier. On y produisait des objets façonnés comme les peignes et des objets tournés comme les pyxides (petites boîtes) et les fusaïoles (anneaux de poids utilisé dans le filage). Les ébauches de peigne à double endenture notamment indiquent sans ambiguïté leur confection locale dans un atelier spécifique, leur fabrication nécessitant un haut degré de technicité »





Parmi mes reproductions il y a toute la chaîne opératoire de la fabrication d’un peigne en buis et d’un objet de type poulie qui serait un polissoir pour le travail du cuir. Quant au tournage il est représenté par des rondelles décoratives en buis tourné. Ces rondelles sont débitées dans du quartier d’un buis âgé de plus de 150 ans. Les informations techniques données par Blandine Lecomte Schmitt, xylologue à l’INRAP ont été précieuses. Quid de leur usage ? sur du moblier ? lequel ? sommet de pieds de lits de repos en bois ?





La découverte de deux semelles en bois
« Deux semelles en bois d’érable complètes ont également été découvertes. Elles correspondent à des chaussures de type sculponae (souliers à semelle de bois sur laquelle est fixée une pièce de cuir). Ces semelles présentent des soubassements permettant de surélever le plateau plantaire par rapport au sol. Sur la première semelle, des petits clous fixés sur le pourtour servaient à la fixation de la ou des pièce(s) de cuir venant maintenir le pied jusqu’à son extrémité, soit en le couvrant, soit à la manière d’un laçage. Elle correspond à une pointure 29 d’aujourd’hui, pied gauche, soit un enfant de 6 à 7 ans. La seconde semelle présente une forme globale similaire, mais le maintien des pièces de cuir est très différent. Une perforation entre les orteils permettait d’insérer un cordon ou une lanière de cuir à la manière d’une tong, la fixation étant assurée par un petit clou au revers. À l’arrière, la semelle a été refendue sur les deux tiers de sa longueur. Une bande de cuir au niveau du coup de pied devait être insérée dans cette fente. Ce type de semelle est extrêmement rare dans le monde romain. Elle correspond à une pointure 27 actuelle, pied gauche, pour un enfant de 4 à 5 ans environ. »













Grâce à une étude la documentation écrite par les spécialistes (Blondel, M. Leguilloux) il m’a été possible de reconstituer des paires de chaussures et de le tester avec succès sur des pieds d’enfants. Il y a une interprétation de la bride autour de la cheville, hypothèse apportée à l’empeigne basse type Leguilloux du IIIe. s.
Remerciements


A l’INRAP Auvergne, Rhône-Alpes (texte en italiques extrait de la lettre de l’INRAP 113 d’octobre 2025) et en particulier Blandine Lecomte Schmitt xylologue, l’équipe du Musée d’Izernore dont Anne-Siegrid Adamowicz et le dernier cliché des chaussures sur les pieds d’une jeune visiteuse. copyright Musée archéologique d’Izernore / Fanny Lorbat. Remerciements également à la Mairie d’Izernore et l’Association Histhoiria qui ont chaleureusement accueilli mes travaux, conférence et démonstration au sein de l’exposition du Musée.
Cet article est un extrait d’un diaporama d’une centaine de photos destiné à une conférence.
Bravo. Intéressant et clair.
Merci!